Cela peut être l’un des plus grands scandales financiers de ces dernières années. Wirecard, une société allemande spécialisée dans les services de paiement en ligne, est soupçonnée de fraude comptable de près de 2 milliards d’euros.
Récit de la chute historique de Wirecard
Le point de départ de tout l’incident remonte à jeudi 18 juin. La startup allemande Wirecard, prestataire de services financiers internationals (6000 collaborateurs et 26 agences dans le monde), annonce le nouveau report de ses comptes 2019.
Le problème est que le montant total en euros des actifs de la société est de 1,9 milliard de dollars, dont les auditeurs d’E&Y (Ernst & Young) n’ont pas prouvé leur véritable existence ayant conduit à la suspension de la cotation de Wirecard en Bourse après que son action ait chuté de 62%.
Lundi 22 juin, la firme Allemande a enfin admis que les 2 milliards d’euros (équivalent à un quart du bilan de l’entreprise) « n’existent probablement pas ». En conséquence, l’action, côté à la Bourse de Francfort, a connu une nouvelle baisse de 44%. Le cours de l’action est passé de 100 euros à 14€ en à peine 6 jours.
Pendant ce temps, l’ancien PDG de Wirecard, Markus Braun, a démissionné le vendredi 19 juin et a été arrêté le mardi 23 juin étant soupçonné d’utiliser de fausses transactions pour augmenter les ventes et le bilan de l’entreprise, augmentant ainsi son image auprès des investisseurs.
La société allemande n’a mis qu’une semaine à déposer le bilan le 25 juin. Le Daily Business, journal britannique, a accusé Ernst & Young d’être sérieusement en difficulté en ayant manqué à ses devoirs pour ne pas avoir demander les informations bancaires cruciales sur un compte de la société à Singapour, alors que Wirecard affirmait détenir 1 milliard d’euros en liquidité dans cette banque.
La régulation européenne au cœur de cette chute
C’est une première : le gendarme européen des marchés (ESMA) a ouvert une enquête sur son homologue allemand pour comprendre comment l’autorité fédérale de supervision financières allemande, la BaFin, n’a pas pu éviter le scandale. Ce dernier a-t-il soigneusement vérifié les informations fournies par Wirecard? Une fois achevée, fin octobre 2020, l’enquête indiquera s’il faut réformer le système de contrôle allemand.
« Nous venons de recevoir le rapport préliminaire de l’ESMA sur l’affaire Wirecard. Il s’agit d’une première étape utile. Ce rapport de l’ESMA met en évidence des faiblesses possibles en ce qui concerne le respect des règles de l’UE », a indiqué Valdis Dombrovskis, vice-président exécutif de la Commission européenne.
L’Allemagne est l’un des rares pays d’Europe à partager la surveillance de l’information financière entre les régulateurs du marché et les organisations du secteur privé (FERP).
En France, c’est un des pôles internes de l’AMF vérifiant que les informations fournies aux marchés sont conformes aux règles applicables.
Depuis la chute de Wirecard, le ministère de la Justice allemand a annulé le contrat avec FREP, et le ministère des Finances a déclaré que la BaFin avait besoin de pouvoirs d’enquête similaires à ceux des procureurs.
Le journal allemand, Süddeutsche Zeitung, a déclaré que c’était une « honte » pour l’Allemagne et « un déshonneur pour l’élite financière » car l’ensemble du système financier allemand est remis en cause.
Cet évènement sans précédent plonge l’Union Européenne dans un profond malaise. Lors de la réforme des autorités de supervision, le superviseur allemand soutenu par le gouvernement s’est opposé jusqu’au bout à un renforcement de l’ESMA : « pas de superviseur du superviseur ».
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Cet article a été édité avec l’aide de Benjamin C.
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